-  a wrinkle in time (frolise) -

C'était la parfaite occasion pour venir voir ma soeur, dans mes souvenirs elle connait mieux Mia que moi, elle saura me conseiller mieux que quiconque. J'avais une heure devant moi, mais il fallait mieux prévoir plus court. Je ne voudrais pas que la jeune danseuse se soit volatilisée à mon retour. Sinon, mon intervention n'aura servi à rien mis à part créer plus de problèmes qu'il n'existe déjà entre nos deux familles. Et puis, cela faisait quelques jours que je n'avais pas vu Élise. Elle travaille beaucoup ces derniers temps, et même si je suis ravi pour elle.. j'aimerais passer plus de temps à ses côtés. Elle est la mieux placée pour me comprendre dans cette famille, elle me connait mieux que ma propre mère. Je ne sais pas si elle sera dans son salon à cette heure-là, mais je n'ai pas vraiment eu le temps de la prévenir. J'essaye de lui envoyer un message quand je sais que je vais y faire un tour et elle fait en sorte d'être présente quand j'arrive. Elle ne reste pas nécessairement des heures avec moi, mais on prend toujours un petit moment pour discuter.

Son petit endroit est sublime, aussi bien de l'extérieur qu'à l'intérieur. La décoration est très raffinée, c'est un chic sobre. Tout est dans la qualité, pas dans la quantité comme on aime le dire avec Élise. J'adore venir ici à la fin des cours - prendre un petit thé accompagné d'une douceur sucrée - même si la plupart de mes camarades se retrouvent chez leurs parents ou dans des bars. C'est inévitable : Élise a un don, et elle arrive parfaitement à le transmettre au travers de son enseigne. Ce n'est pas juste parce que c'est ma soeur, on se sent réellement bien quand on est avec elle, quand on déguste une de ses petites merveilles. J'entre, je ne la vois nulle part. Je vérifie tout de même un peu partout. Un des vendeurs me reconnait et me fait signe, je lui rends son sourire. Je commande deux thés extra-hot et des petits macarons en assortiments et je questionne le vendeur sur la présence de ma soeur. C'est alors que j'entends sa voix derrière moi. Je me retourne et découvre Élise qui s'avance vers moi, je lui tends les bras pour qu'elle me serre contre elle. "Je suis content que tu sois là. Je suis passé un peu à l'improviste, désolé". Mon masque tombe à chaque fois que je croise son regard, elle me fait rire et illumine mon visage rien qu'en me regardant. Elle a cette petite étincelle dans les yeux.. d'espièglerie.. de bonheur. "J'ai craqué pour les macarons cette fois, mais ils ne sont pas tous pour moi ! Promis ". Le vendeur pose les sacs sur le comptoir, je les récupère avant de montrer du regard une table au fond du salon à ma soeur. "Tu as cinq minutes pour ton petit frère ?". Je regarde ma montre, j'ai encore le temps.

L’envie de travailler dans l’hôtel familial de Newport Beach tout en gérant l’empire hôtelier avec ta mère n’était pas ce que tu voulais faire. Cependant, tu n’avais rien dit pendant bien longtemps, ne sachant pas quoi faire d’autre, n’ayant pas trouvé ce qui te motivait, tu avais préféré continuer sur ta lancée. C’est à Paris que t’était venue l’idée de cette boutique, à Paris que tu avais appris l’art de la pâtisserie. Tu ne sais pas combien de nuits blanches tu as passées pour en arriver à produire de telles douceurs sucrées mais tu en es aujourd’hui très fière et les habitants de Newport Beach semblent les apprécier également. Tu as ouvert ton salon de thé quelques mois après ton retour de France et depuis c’est une affaire qui marche plutôt bien. Tu veilles à garder des prix corrects pour permettre aux habitants avec des revenus moyens de s’offrir des plaisirs sucrés. C’est important pour toi de ne pas réserver ton art simplement pour les plus gros budgets de Newport Beach. Tu t’étais levée ce matin à contre cœur, laissant derrière toi un Nathan profondément endormi que tu avais quitté avec un baiser. Mais ta mère t’avait appelée il y a deux jours avec une commande express pour l’hôtel. Un mariage y était organisé et le pâtissier avait laissé les mariés en plan. Tu les avais rencontrés le jour même et tu avais la journée pour préparer leur gâteau de rêve qui sera livré ce soir à l’hôtel pour la réception avec les dizaines de cupcakes et autres délices sucrés qui l’accompagnerait. Tu n’avais donc pas perdu de temps dès que tu étais arrivée au salon de thé. Tes employés connaissaient tes recettes par cœur, tu les laissais donc s’occuper des pâtisseries pour la boutique, te mettant au travail. Le temps passa à une vitesse folle et ce n’est qu’après avoir démoulé les différentes parties du gâteau que tu respirais. Pendant qu’il cuisait, tu avais eu le temps de dessiner les derniers détails sur papiers, tu dois pour l’instant attendre qu’il refroidisse. Et c’est pour le mieux car alors que tu dessinais dans ton cahier, tu avais reçu un message de Froy qui te disait qu’il allait passer au salon de thé. Tu adorais quand ta famille passait te voir dans ton magasin et particulièrement ton plus jeune frère avec qui tu t’étais toujours merveilleusement bien entendue. Froy ne se sentait pas toujours à l’aise dans votre monde et tu espérais que comme toi, il arriverait à trouver un juste milieu avec le temps. En attendant, tu lui apportais tout le soutien que tu pouvais lui apporter. D’ailleurs en parlant du loup, tu entendis sa voix de l’autre côté du comptoir et enlevant ton tablier, tu quittais la cuisine pour quelques temps. « Si ce n’est pas mon petit frère en chair et en os. » Dis-tu un sourire en coin sur les lèvres en t’avançant vers lui pour le prendre dans tes bras. Tu t’en fichais si cela n’était pas viril ou quoi, tu refusais que l’on te prive de prendre ton frère dans tes bras. « Je suis content que tu sois là. Je suis passé un peu à l'improviste, désolé. » Il n’a jamais à s’excuser de passer te voir, il le sait bien. Et puis cela te permet de faire une pause dans cette journée un peu compliquée ou comme d’habitude ta mère pense que tu peux tout faire en quelques secondes comme marraine la bonne fée. Mais les gens qui se mariaient à l’hôtel étaient des gens importants et tu savais que c’était de la publicité non négligeable pour ta boutique comme pour l’hôtel. « Tu sais très bien que tu peux passer quand tu veux. Et puis ça tombe bien, je dois attendre que mes gâteaux refroidissent avant de les décorer. » Dis-tu en indiquant une table vide à ton frère qui avant de s’asseoir récupéra un sac de ton vendeur. « J'ai craqué pour les macarons cette fois, mais ils ne sont pas tous pour moi ! Promis ! Tu as cinq minutes pour ton petit frère ? » Tu ne pus t’empêcher de lever un sourcil à ces paroles. Ton frère était en couple avec une demoiselle que tu ne connaissais encore pas très bien mais tu n’avais pas envie de jouer aux grandes sœurs qui s’immiscent dans la vie de leur frère trop tôt, ce n’était pas ton genre. « Tu as décidé de faire un petit cadeau à Sully ? » Lui demandas-tu pour le taquiner avant d’ajouter : « Et bien sûr que j’ai cinq minutes ! La fratrie avant tout, surtout avant maman et ses commandes de dernière minute. » Dis-tu en soupirant. Tu seras bien heureuse de retrouver Nathan ce soir quand tu vas rentrer. « Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ou tu passais juste pour m’entendre me plaindre ? » Lui demanda-tu curieuse.

Je remarque qu'Élise ne reste pas insensible à mes paroles, son visage est bien plus expressif que le mien. C'est assez facile de voir quand elle est titillée par sa curiosité, c'est son sourcil gauche qui se lève à ce moment là. Elle a plein d'autres mimiques de ce genre et c'est mon petit jeu de les découvrir toutes autant qu'elles sont. Un jour j'ai même eu l'idée de les répertorier sur un petit carnet, que je lui offrirais dans un moment de nostalgie. Je vais essayer de m'en rappeler. En le disant à haute voix ça me parait être une bonne idée. Son petit charme, je lui envie. Si seulement je pouvais agir de manière aussi naturelle qu'elle.. « Tu as décidé de faire un petit cadeau à Sully ? » me demande ma soeur. C'est vrai, que n'ayant donné aucune précision, il est normal de ce dire que cette petite attention est pour Sully. Je ne suis pas du genre à lui offrir ce genre d'attention, ce sont des détails qui n'apportent rien à la crédibilité de notre couple. Mais c'est une idée pour une prochaine fois, je ne la remercie peut-être pas assez pour tout ce qu'elle fait pour moi. "À vrai dire c'est pour une cliente de l'hôtel". Je ne m'égare pas encore sur le sujet, Élise semble assez chargée - à cause de maman évidemment - et j'aimerais bien aussi entendre ce qu'elle a à me raconter. "Tu penses qu'un jour elle arrivera à planifier les choses au delà de 48 heures ?" je lui demande, mais c'est une question réthorique. Tous les deux connaissons déjà la réponse. On s'avance vers la table du fond, je m'installe en face de ma soeur. Je ne sais pas par où commencer. "J'étais venu pour quelques chose en particulier mais j'aimerais bien écouter tes plaintes du jour aussi, considère ça comme mon supplément chantilly". Je tergiverse parce que je ne sais pas comment présenter la chose, et quand je réfléchis trop je me mets à tapoter des mains sur la table. Petit tic de petit garçon stressé. "Et bien, tu sais cette cliente de l'hôtel ? C'est Mia Nichols. Elle s'entraîne depuis quelques temps en cachette dans la salle de l'hôtel. J'ai prévenu maman et j'ai eu la bonne idée de faire irruption pendant ses répétitions". Je baisse la tête honteusement, comme pour attendre la punition des parents. J'évite le plus possible les contacts visuels, surtout quand je sais que j'ai fait une connerie et que je suis en tord. À ce moment là, je regarde donc tout sauf Élise. Je fais mine de regarder la nappe avant même d'avoir fini ma phrase. Je me sens encore comme ce petit enfant de 6 ans qui vole les bonbons dans l'armoire de la cuisine. Je sais qu'elle ne se fâchera par pour cette histoire - du moins je l'espère - mais tout de même. J'essaye de donner mon maximum pour un peu de reconnaissance, pour les rendre fiers de moi. Et tout ce que je fais, c'est des bêtises. Encore et encore. Je ne peux plus mettre ça sous le coup de mon jeune âge, pas si je veux qu'on me considère comme un adulte responsable. "J'ai vraiment eu peur en la voyant dans l'hôtel, j'ai pensé au pire. Je sais à quel point son père peut être dangereux et je voulais m'assurer que sa présence n'avait rien à voir avec nos familles". Il faut éclaircir les choses, j'avais tout de même des bonnes intentions à l'origine.