-  Parler n'est pas notre point fort - Alexander. -

Etre mère est un job que beaucoup de femmes ont hâte d’avoir. Pour Iris ça lui était tombé dessus. Non pas qu’elle n’était pas heureuse d’être mère. Seulement, elle ne s’était pas attendu à l’être si tôt dans sa vie. Cependant, elle ne pouvait qu’en tirer du positif. Avoir eux des jumelles en premier avait été un véritable challenge. Deux enfants en même temps, ça n’était pas une petite tâche. Mais, avec l’aide de son défunt mari elle y était arrivée. Même si elle était proche de tous ses enfants, elle savait aussi que son époux l’était. En particulier avec Alexander. Ce dernier avait changé depuis la mort de Richard. Bon d’accord, tous les Caldwell avaient changés. Ca les avait pris de court et Iris n’en était toujours pas remise. Elle se doutait donc que c’était aussi le cas de ses enfants. La blonde avait du mal à en parler ouvertement aujourd’hui. Il y a deux ans, c’était frais et elle arrivait à parler du fait qu’elle avait perdu l’amour de sa vie. Cependant, aujourd’hui elle ne voulait plus en parler. Les cicatrices étaient toujours là et malgré le temps passé, elles étaient encore fraiches. Iris préférait donc s’en souvenir plutôt que de mettre des mots sur tout cela. Bien sûr, si les enfants voulaient en discuter, elle le faisait volontiers, mais en dehors d’eux, elle était en silence radio. A la place, elle se concentrait sur son travail.

Il fallait faire en sorte que l’hôtel reste le meilleur de tous. C’était le bébé de Richard et Iris ferait tout pour réussir. Elle ne voulait pas que tout s’arrête maintenant que son époux n’était plus là. Ca serait trop dur et c’était en quelque sorte le dernier souvenir qu’elle avait de lui. Faisant tourner son alliance autour de son doigt, Iris regardait par la fenêtre d’un air distrait. Elle se souvenait de tout ce que Richard avait fait au fil du temps. Que ça soit en famille ou au travail. Elle se disait parfois qu’elle aurait dû le pousser à aller voir un médecin plus tôt, ou à le faire rentrer à la maison à des horaires plus convenables. Malheureusement elle ne pouvait pas changer le passé. Elle devait aller de l’avant aussi dur que cela puisse être aujourd’hui. Revenant s’installer dans son fauteuil, elle jeta un œil à l’horloge. Alexander ne devrait plus tarder. Elle savait qu’il travaillait durement et elle avait été contente de savoir qu’il aurait un peu de temps à lui consacrer aujourd’hui. Ils devaient parler de certains dossiers. Iris avait beaucoup appris, mais la partie des avocats restait un mystère sur bien des termes. En entendant le téléphone sonner, elle appuya sur un bouton et sa secrétaire lui expliqua que le jeune homme était arrivé. Lui disant de le faire venir à la salle de conférence, Iris repris la lecture de son dossier, avant d’entendre la porte s’ouvrir. Esquissant un sourire, elle se leva en le regardant s’avancer.

Bonjour.

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{Parler n'est pas notre point fort}
crédit:unspoken feat. Iris Caldwell

Sa journée de cours avait été interminable. Deux de ses professeurs étaient absents alors tout son emploi du temps avait été chamboulé. Il avait eu des blancs dans son planning mais pas assez longs pour rentrer ou faire quelque chose d'autres. Ce qui était frustrant parce qu'il était sur un gros dossier avec la firme. Il était en compétition avec Aymeric sur le coup. Et bien qu'il appréciait travailler avec ce dernier. Il savait à quel point son acolyte était prêt à tout pour réussir. Alex était plus stoïque. Peur-être parce qu'il baignait dans cet univers depuis plus longtemps. Il avait assez de recul pour jouer sur le long terme. Et mettre ses pions peu à peu en place, sans éveiller les soupçons. L'étudiant était très fort pour ça. Et il parvenait facilement à ses fins. Ce qui enchantait la firme. On pouvait dire que c'était une compétition sereine avec deux styles complètement différents. Bref, ces heures parties, auraient été facilement rentabilisées par Alexander, sauf qu'il n'avait pas pu quitter la fac. Alors il avait quand même employé son temps à bon escient. Il avait bossé sur ses partiels qui approchaient. Puis à la fin de la journée de cours, il avait reprit le chemin de la côte. Sa mère lui avait demandé s'il pouvait passer pour jeter un œil sur des contrats. C'était une habitude. Alex aimait aider sa mère. C'était une façon de passer du temps ensemble. Même si ce n'était jamais évident vu qu'ils n'étaient pas très proches. Mais quand sa mère avait besoin, il était là. Et si ces connaissances en droit pouvaient l'aider, tant mieux. Donc au lieu de rentrer à l'appartement qu'il louait près du campus, il avait pris le chemin de l'hôtel. Il ne savait pas trop si sa mère allait avoir besoin de lui longtemps. Alors il n'avait rien prévu pour la soirée.

L'étudiant avait garé son Audi dans le parking souterrain de l'hôtel. Il prit la porte de service et monta rapidement à l'étage où sa mère avait son bureau. Il se présenta à la secrétaire qui le connaissait depuis des années avant que cette dernière n'annonce sa venue à sa mère. Cette dernière se trouvait dans la salle de conférence. Alexander la remercia avant de faire un arrêt au distributeur. Il prit un thé pour sa mère et un chocolat chaud pour lui. Puis il se dirigea vers la grande salle tout au fond du couloir. Il frappa deux coups secs de sa main libre, l'autre tenant les gobelets puis il entra dans la pièce. Sa mère se trouvait à l'autre bout de la table, assise. Elle se leva à son arrivée. « Bonjour. » Il l'embrassa sur la joue comme il le faisait toujours puis il lui tendit l'un des gobelets. « J'ai pensé que tu aurais soif. » puis il posa le sien sur la table, avant de retiré la veste qu'il avait sur les épaules. Autant se mettre à l'aise, parce qu'en voyant le paquets de dossiers sur la table, il se disait qu'ils allaient en avoir pour un bon moment.

Quand Richard était encore en vie, les relations entre les parents et les enfants étaient plus conviviales. Iris avait toujours pensé qu’elle avait fait de son mieux comme mère. Elle espérait que c’était le cas. Seulement, sa relation avec Alexander lui laissait un goût amer. Il y avait cette distance entre eux qu’elle n’aimait pas. Malheureusement elle ne savait pas comment y remédier. Elle savait que Alex et Rick étaient très proches. Elle savait que son fils avait été plus touché que les autres enfants. Tout comme elle d’ailleurs. Cependant, elle n’avait pas pris le temps de parler avec lui, ni avec les autres d’ailleurs. Elle s’était plongée dans le travail en devenant la nouvelle pdg du groupe hôtelier. Elle avait tout fait pour que les affaires fonctionnent. Mais, elle n’avait pas pris le temps de parler avec chacun de ses enfants. Peut-être devrait-elle faire une réunion de famille. Leur demander de bloquer une journée entière pour qu’ils puissent la passer tous ensemble. C’était une idée qu’elle mettait de côté et sur laquelle elle devrait revenir un peu plus tard. Elle savait qu’ils étaient tous occupés avec leurs emplois et leurs études. Mais, elle savait se montrer persuasive et elle ferait en sorte que cela puisse arriver. Elle ne baisserait pas les bras. Elle ferait en sorte de tous les réunir.

Pour le moment, elle lisait les dossiers qu’elle avait face à elle. Certains termes qu’elle voyait régulièrement avaient tendances à parfois la faire douter. Elle aurait dû faire comme à l’école. Ecrire les définitions sur un cahier qu’elle garderait à porter de mains. Seulement, elle n’avait pas vraiment le temps de le faire. Elle l’aurait bien demandé à sa secrétaire, mais ça ne faisait pas partie de ses qualifications. Sortant de ses pensées, elle fut contente de pouvoir voir son fils qui arrivait dans la pièce. Lui faisant la bise, elle attrapa le gobelet qu’il venait de lui tendre.

Merci.

Lui faisant signe de s’asseoir, elle en fit autant, gardant ses mains autour de son thé qui était chaud. Non pas qu’elle avait froid, mais elle appréciait de pouvoir sentir un peu de chaleur.

Merci d’être venu, j’espère que je ne gâche pas ta soirée.

Esquissant un sourire, elle espérait vraiment que ça n’était pas le cas.

J’ai besoin de ton aide pour les nouveaux dossiers qui sont arrivés. J’ai l’impression de tout mélanger parfois avec tous ses termes juridiques.

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crédit:unspoken feat. Iris Caldwell

A chaque fois que sa mère avait besoin de ses conseils ou de son aide, Alexander répondait toujours présent. Depuis que son père était mort, il avait à cœur d'aider à la bonne marche de la chaîne hôtelière qui portait leur patronyme. C'était important pour lui. Un héritage transmit par son père et dont il n'avait pas envie qu'il chute. Alors il faisait en sorte de seconder sa mère. Même si sa sœur s'en chargeait aussi au quotidien. Parce qu'en effet, on ne pouvait pas dire que les Cadlwell ne se seraient pas les coudes. Bien au contraire. La mort prématurée du patriarche avait renforcée leurs liens. Alexander, même s'il n'avait pas la même relation avec sa mère, comme il l'avait eu avec son père, se montrait présent. Il savait qu'elle avait cette lourde charge sur les épaules. C'était difficile. Son père y avait laissé la vie. Et il n'avait pas envie que sa mère s'épuise à son tour à la gestion de l'hôtel. Il aimerait qu'elle s’appuie un peu plus sur le conseil d'administration. Comme ses sœurs. Il avait le souhait qu'elle pense à nouveau à elle. Et pas seulement à cet hôtel où elle passait quasiment toutes ses journées. Il savait que son père n'aurait pas aimé la voir ici si tard le soir. Cependant, il se gardait bien de lui faire des leçons de moral. Puisque Alexander était lui-même un acharné de travail. Mais il n'avait pas envie non plus qu'elle y laisse la santé. Dans cette optique il savait qu'il pouvait compter sur l'une des jumelles pour la ramener à la maison familiale à des heures correctes.

Et lui, il faisait en sorte de l'aider quand elle en avait besoin et ainsi lui éviter de passer plusieurs heures sur un texte juridique qu'il pourrait décortiquer en quelques minutes. Au signe de sa mère, Alexander retira sa veste et prit place sur l'un des sièges. Il se mettait à l'aise comme à chaque fois qu'il savait qu'un long travail l'attendait. « Tu ne gâches rien du tout. J'avais ma soirée de libre. » Et c'était vrai. Il avait fait en sorte de ne rien avoir afin d'être disponible aussi longtemps que sa mère allait avoir besoin de lui. Et même si cela avait été le cas, s'il avait eu quelque chose de prévu, il aurait décommandé sans aucun souci. Parce que c'était quand même son rôle d'être là quand Iris avait besoin de lui. Alexander prit une gorgée de son chocolat puis il reporta son attention sur les dossiers qui se trouvaient devant sa mère. « Tu as déjà fait un tri dans les plus urgents ou pas encore ? Il s'agit de quoi cette fois-ci ? » Sa mère ne l'appelait pas toujours pour la même chose. La dernière fois, c'était sur les nouvelles dispositions de taxes concernant les commerces de plus de cent employés. Et une autre fois, c'était sur le recalcule des droits des employés à cause de la hausse de certains impôts ansi qu'un changement de statut juridique pour certains.

Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais. C’est bien ça l’expression n’est-ce pas ? Ca pouvait bien résumer Iris et le fait qu’elle avait dit à son défunt mari de rentrer tôt à la maison et de penser à sa santé et le fait qu’aujourd’hui elle faisait exactement la même chose. Seulement Richard avait construit tout cela en partant de rien et elle avait déjà un groupe hôtelier bien portant. Il y avait donc une grosse différence. Cependant, elle savait qu’elle devait sans doute lever un peu le pied. Sortir avec ses amies, en particulier Joyce. Cette dernière était dans une passe difficile. Avec son divorce. Iris avait appris pour l’adultère et même si elle aimait beaucoup Darren, elle n’appréciait pas qu’il ait fait du mal à son amie. Mais, elle savait aussi que Darren était une sorte de mentor pour Alexander. C’était pour cela qu’elle ne prendrait pas partie dans cette histoire. Elle n’appréciait pas les actes de l’homme, mais elle n’allait pas pour autant le rayer de sa vie. Après tout, elle connaissait les Whitmore depuis très longtemps, donc elle garderait des liens avec les deux. En tout cas, oui, elle devrait penser à s’aérer l’esprit au plus vite. Ca ne pourrait pas lui faire de mal.

Mais aujourd’hui, elle avait plein de paperasse à lire, compléter et signer. Donc, pas le temps de faire de pauses. Plus elle irait vite et plus elle pourrait en profiter pour faire autre chose. Heureusement, elle avait des employés compétents à qui elle n’avait pas à tenir la main à longueur de journée. Appréciant donc que son fils vienne l’aider, Iris l’invita à s’asseoir pour qu’ils puissent s’y mettre. Le laissant s’installer, elle en profita pour le détailler et vérifier qu’il mangeait bien. Oui, une mère avait l’œil pour ça. Espérant ne pas gâcher la soirée du jeune homme, elle fut bien contente de l’entendre le dire. Elle savait qu’il avait une bonne vie sociale, donc elle ne voulait pas l’empêcher de sortir avec ses amis. Expliquant alors pourquoi elle avait besoin de lui, Iris devait avouer qu’elle appréciait sincèrement son aide.

Oui, le tas qui est ici doit être lu et signer le plus rapidement possible.

Elle avait posé la main sur la pile de droite. Il y avait une vingtaine de dossiers, mais si tout était clair et rédiger convenablement, ça irait vite.

Pour le reste, il y a un peu de tout, mais je n’ai pas encore tout épluché.

Ca faisait beaucoup de choses et même si elle s’y était penché dessus depuis le début de matinée, il restait encore pas mal de dossiers à lire et comprendre.

Commençons par les plus importants, ça ira peut-être plus vite. Si j’ai bien vu, la plupart est à simplement signer si je suis d’accord avec tout.

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{Parler n'est pas notre point fort}
crédit:unspoken feat. Iris Caldwell

Alexander avait remarqué le coup d’œil de sa mère. C'était une habitude chez elle. Cela faisait sourire l'étudiant. Souvent ce genre de regard précédaient quelques questions. Mais cette fois ci, elle était plutôt silencieuse. Ou peut-être l'esprit plus occupé que les dernières fois où ils s'étaient vus. C'était normal. Iris passait beaucoup de soirées ici. Ce qui ne plaisait pas vraiment à la fratrie Caldwell. Mais leur mère était têtue. Elle était devenue la dirigeante de cette chaîne hôtelière. Et elle pensait qu'elle devait tout porter sur ses épaules. Mais ses enfants étaient là. Ses associés et amis étaient là. Ils pouvaient l'aider. Seulement,  il fallait un peu de temps pour qu'elle puisse s'en rendre compte. Pour l'instant, Alexander l'aidait avec tout ce qui concernait le côté juridique des dossiers. Même s'il avait un tas d'avocats. Iris savait qu'elle pouvait faire appel à Alex pour les questions diverses, au lieu de convoquer les juristes pour des épluchages de dossiers qui n'allaient pas prendre plus de deux ou trois heures. C'était plus facile, plus simple. Et puis, cela ne dérangeait pas Alex. C'était une façon pour lui de passer du temps avec sa mère. Parce qu'entre ses cours, ses sorties avec ses amis, et ses heures au cabinet juridique, il n'avait pas trop le temps de passer la voir. Même si parfois, il lui arrivait d'aller à la maison, juste pour s'assurer qu'elle allait bien. Aux paroles de sa mère, il reposa son gobelet un peu plus loin sur la table, histoire de ne pas risquer de le faire tomber sur des dossiers. Autant prendre ses précautions. Il reporta ensuite son regard sur sa mère puis sur les dossiers qu'elle lui montrait. « D'accord. Alors on va se partager la tâche ce sera plus simple. » Il s'empara des dossiers puis il scinda la pile en deux parts égales. Il prit les dossiers sur le haut et glissa ceux du bas vers sa mère. Alexander s'empara du premier. Il l'ouvrit et commença à le lire avec attention. Toutefois, il était familier avec les termes qui s'y trouvaient alors la lecture était plus facile que pour sa mère. Même s'il savait qu'elle avait beaucoup progressé dans ce domaine. « Les taxes augmentent de plus en plus. » Bien que Newport était une ville agréable à vivre, où il y avait quand même un beau taux de participation de la population à l'évolution et à l'entretien de la ville, chaque année les taxes augmentaient. C'était compliqué alors pour ceux qui y travaillaient, qui avaient des commerces. A chaque fois, tout devait être à nouveau calculer tout en respectant les lois et les droits de chacun. C'était un cercle sans fin. Puis il jeta un œil à sa mère tout en demandant : « Tu as eu des nouvelles pour les terrains ? » De nouveaux hôtels Caldwell allaient s'ouvrir. Certains terrains étaient déjà achetés, quant aux autres, les négociations étaient encore en cours. Enfin d'après ce qu'il avait compris. Parfois cela fonctionnait aux pots de vin et ça, ce n'était jamais bon pour les affaires. Alexander repoussa les trois premiers dossiers. « C'est bon pour ceux-là, il ne manque que ta signature. »