| (#) that look in your eyes (viper) { Mer 4 Juil - 23:52 } | Ses doigts pianotaient frénétiquement le clavier de son ordinateur. Harper tâchait, la mine agacée, de gérer à distance un de ces conflits d’égo qui s’accumulaient entre deux fortes têtes d’une filiale de Chicago. Aussi puériles puissent-elles être, elles pouvaient se montrer dangereuses pour la pérennité du service. Si de tels désordres perduraient, Harper le savait, l’un des deux devrait partir. Aussi s’empressait-il d’envoyer un mail passif-agressif pour faire passer un dernier message d’avertissement. A la prochaine incartade, les ressources humaines prendraient sa suite. Il relut le mail, et l’envoya sans hésiter. Le bureau d’Harper, habituellement soumis à un impeccable rangement, était aujourd'hui en proie à un chaos composé de contrats divers et de rapports fédéraux désordonnés. Le désordre s'accumulait à une vitesse qui ne laissait pas la place à l'erreur ; aussi décida-t-il de prendre les rapports et de les jeter sèchement sur le fauteuil de cuir situé à sa droite. Il se contenta par la suite de poser les contrats en tas dans un coin de bureau, afin de libérer de l'espace pour mieux y poser ses coudes. Au même moment apparaissait une notification sur l'écran de l'ordinateur, signe d'une nouvelle réunion organisée le lendemain avec plusieurs membres du board. « Putain, mais j’ai pas le rapport sous les yeux, moi, je l’attends depuis deux jours. » s’exclama-t-il à haute voix pour mieux manifester son agacement. Le trentenaire attrapa aussitôt son portable pour appeler le responsable du sujet et des chiffres à apporter. Un petit coup de savon plus tard, et voilà le blond affalé sur le canapé de cuir de la pièce, dos à la large baie vitrée qui surplombait la ville. Le portable personnel finissait de sonner dans le vide, alors que le nom d’un ancien collègue disparaissait de l’écran. Harper se contentait de porter mollement le verre dans lequel il avait vidé le fond d’une bouteille de vin ayant résisté au repas de midi. Le petit moment de pause était salvateur ; tous ces gens étaient trop demandeurs, trop en retard, trop décalés par rapport à ses besoins. Vicky était son dernier rempart contre les visites à l'improviste qui avaient le don de l'énerver, surtout lorsqu'elles annonçaient de mauvaises nouvelles ou des dysfonctionnements divers. En cet instant, il espérait fortement qu'elle puisse repousser McCarthy et Cochrane, qui avaient prévu de venir l'emmerder bientôt. Le portable se remit à sonner ; à nouveau, Harper l'ignora. Un peu de tranquillité ne lui serait pas de trop. |
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