-  #364 ☾ someone to talk. (néphélie) -

Trust I seek and I find in you Every day for us something new Open mind for a different view And ☾ nothing else matters.

C'était comme des souvenirs qui s'appropriaient sa mémoire, des images succinctes qui prennent possession de son esprit et même de sa vision, si bien que tout semblait si réel. Un père et son enfant jouaient sur une balançoire, les cheveux virevoltant au gré du mouvement, les éclats de rire d'une petite fille qui ne connaissait ni la peine ni la douleur d'un abandon. Si seulement cela pouvait être vrai, de réels souvenirs incrustés dans sa mémoire et pas simplement l'imagination débordante d'une femme qui n'a pas pansé toutes ses blessures et dont l'esprit fatigué divague. Pourtant, ce changement de vie qu'elle venait d'entreprendre avait pour vocation de l'aider à dépasser ses souffrances, faire le deuil d'une relation qui n'a jamais existé. Mais le fait est que, peut-être, l'effet inverse se produit. N'est-ce pas plutôt le fait d'attendre aussi ardemment une chose qui nous aveugle sur ce qui est bon pour nous ? Alors, montée sur ses escarpins noires, elle marchent dans les rues de son quartier en recherche de ses véritables racines, de ce qui la réellement amené à sa force qui la constitue aujourd'hui. La puissance dont elle a fait preuve, c'est elle même qui la fait resurgir.

Les journées se succèdent et bien droite dans son tailleur, elle prend à coeur son nouveau poste de Directrice Marketing. Mais les ombres qui l'observent et médisent à son sujet l'oppressent. Des rumeurs courent sur son lien de parenté avec le pdg et bien que révélé à celui-ci, le silence est de mise pour les autres collaborateurs. Viendraient-ils à remettre en cause son autorité et ses compétences, elle qui avait grimpé les échelons grâce à sa propre détermination ? Ces questionnements venaient alors poser des doutes sur sa propre personne. Mais enfin, le chemin vers le repos arrivait à son terme. Élevant alors le regard vers cette immeuble, délabré pour certains mais vintage pour la demoiselle, ce sentiment de confort était proche. Poussant la porte massive, Norah s'arrêtait dans le hall pour récupérer le courrier dans la boite aux lettres avant de prendre la direction des escaliers. Il y avait le concierge au pied des marches qu'elle saluait poliment, commençant ensuite son ascension vers l'étage de son appartement. Son trousseau aux multiples clés et portes-clés, tous représentant un souvenir en particulier, elle vint déverrouiller la porte d'entrée pour pouvoir retrouver son chez soi.

« Y a quelqu'un à la maison ? » S'exclamait-elle dans le couloir qui rejoignait la cuisine ouverte sur le salon. Dans l'attente d'une réponse, elle pendit son sac à main aux portes-manteaux et déposait ses clés dans le bocal en verre sur le meuble d'à côté. C'est sur celui-ci qu'elle prit appui pour libérer ses pieds de la torture des talons haut. Quel soulagement une fois ôtés ! En espérant qu'il n'y ait pas d'odeur nauséabonde, pensait-elle. Normalement non. Une fois dans la pièce du salon, Norah aperçut le corps de sa délicieuse soeur affalée sur le canapé, en train de vaquer à ses occupations. « Coucou toi ! Déjà rentrée ? » La questionnait-elle dans un sourire.