- remember ∞ garola -

remember

T’es cap toi de faire pleurer une fille le jour de son mariage, de rire quand t’es malheureux, de te taire pendant dix ans ? Dis moi, t’es cap’ ?

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Elle ouvre les yeux, le palpitant qui menace de s'échapper de sa cage thoracique, le souffle qui s'accélère. Elle est en nages. Elle se redresse d'un bon. Elle a le réflexe de regarder à côté d'elle. Mais dans le lit, la place est vide. Il lui faut quelques secondes pour se calmer, pour réaliser qu'elle est en sécurité, qu'elle est chez ses parents. Danny est dans son lit, juste à côté. Elle étire son cou pour jeter un œil. Il dort paisiblement. Nola ne l'avait jamais vu aussi calme et épanoui que depuis leur arrivée à Fort Myers. Elle aussi elle commence à aller mieux. Les premières semaines elle n'osait pas sortir. Elle s'attendait à le voir débarquer. Encore aujourd'hui, elle est aux aguets quand elle met un pied dehors. Elle s'attend à le voir un jour surgir dans son dos. Elle sait qu'il n'a pas renoncé. Elle a reçu des tonnes d'appels, des tonnes de messages. Tantôt menaçants, tantôt pleins de mots d'amour, de promesses. Elle a dû résilier sa ligne téléphonique, changer de numéro. Elle a besoin d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie. Il faut qu'elle réalise qu'elle est libre à présent, qu'il n'est plus qu'un vieux souvenir. Il n'y a que dans ses cauchemars qu'il peut la terroriser. Allongée dans son lit, le regard dirigé vers le plafond, elle pense, elle essaye de se réconforter. Elle peut y arriver, elle doit y arriver. Pour elle, mais surtout pour Danny. Une délicate odeur la fait sortir de ses pensées. Sa mère est en train de préparer un petit-déjeuner copieux -comme tous les matins- Nola sourit, elle est tellement heureuse d'avoir retrouvé sa famille. La prochaine étape serait de retrouver ses amis, ceux qu'elle a perdus à cause de lui. Boostée, elle sort de son lit et réveille Danny en lui faisant des caresses sur ses petites joues potelées.

Danny dans ses bras, elle descend jusqu'à la cuisine où sa mère met les petits plats dans les grands. La mère Mayfair a toujours été une maman poule, et elle sera encore pire avec son petit-fils. Les parents de Nola n'avaient encore jamais vu Danny, il avait fallu qu'elle se sauve pour pouvoir présenter son fils à sa famille. Quand elle y pense aujourd'hui, elle se dit qu'elle a été idiote de se laisser faire comme ça. Et bien que ses parents lui aient dit de ne pas s'en vouloir, Nola sait ce qu'ils pensent vraiment. Ils se disent qu'elle a été faible, qu'elle aurait dû se rebeller il y a bien longtemps. Et ils ont raison... Après avoir dégusté son petit-déjeuner, la petite rouquine décide d'aller faire sa balade quotidienne avec Link, son jeune shiba inu. Sa mère tient à garder Danny, elle veut nouer des contacts avec son petit-fils. Nola n'y voit aucune objection, et elle a bien besoin de se retrouver un peu seule. De sortir seule. Ces deux derniers mois, elle n'est jamais sortie sans la compagnie de sa mère ou de son père. Il est temps qu'elle franchisse un nouveau cap. La laisse de son chien dans une main, ses écouteurs dans les oreilles, Nola s'aventure dans les allées du quartier dans lequel elle a grandi. La journée promet d'être belle, le ciel est bleu, les rayons chauds du soleil caressent sa peau claire. Pour la première fois depuis très longtemps, elle se sent bien Nola. Et alors qu'elle se remémore des souvenirs lointains, elle croit être frappée d'une vision. A quelques mètres seulement elle le voit. Il a bien changé depuis toutes ces années, mais elle le reconnaitrait entre mille. Son cœur s'emballe dans sa poitrine, le voir refait jaillir tellement de souvenirs. Elle est tellement perdue dans ses pensées qu'elle ne remarque pas que son chien vient de réussir à se libérer de son collier. Nola ouvre de grands yeux alors que le shiba se met à courir vers Gareth -fantôme de son passé- Nola se met à sa poursuite et saisit le jeune chien juste après qu'il se soit jeté joyeusement sur son amour de jeunesse. « - Link ! Non ! » Elle le force à s'asseoir pour lui remettre son collier avant de se redresser tout en remettant une mèche de ses cheveux rebelles derrière son oreille. Les joues roses. « Salut Gareth. Ça fait longtemps... »

(c) oxymort

how am I supposed to hold it?

Leave me out with the waste, this is not what I do. It's the wrong kind of place to be thinking of you... It's the wrong time for somebody new. It's a small crime and I've got no excuse. Is that alright? | ft @Nola Mayfair

Il a pas envie d’être là Gareth, loin s’en faut même. Il préférerait être dans son atelier à travailler son bois jusqu’à perdre toute notion du temps ou encore boire un verre avec Tiago - une des rares personnes qu’il supporte encore. Parce que son ami le comprend et n’essaie d’le pousser à redevenir comme avant. Parce que Tiago lui aussi il sait ce que c’est de perdre un être cher, quand bien même ce n’est pas exactement pareil. Seulement, Gareth il n’est pas avec son pote mais chez ses parents, à aider son père à réparer l’évier de la salle-de-bain. Sa mère l’a appelé tard la veille en panique pour une fuite et il n’a pas su lui refuser son aide. Aujourd’hui encore, malgré tout ce qui a pu s’passer de merdique dans sa vie, il reste un bon fils - celui qui tente toujours de faciliter la vie de ses parents. Afin d’apaiser le plus possible cette mère meurtrie et d’aider ce père pourtant souvent jugé indigne. Quand bien même il n’a pas su refuser son aide à sa famille, il est pas loquace Reth ; scellant ses pensées derrière ses lèvres résolument closes. Il est là pour réparer ce fichu évier et rien d’autre. Ses parents essaient pourtant de lui parler - comme à chaque fois. Même son père tente quelques approches malheureuses, mais il n’est pas d’humeur le brun. Il n’veut pas discuter de Jules, de son mariage foiré et il n’a pas la force d’aborder le sujet de Josh. Il a beau savoir que ses parents aussi ont perdu leur petit-fils, il se sent seul au monde le Holt, drapé dans son deuil et dans sa propre peine - aveugle à la souffrance des autres tant sa colère gronde encore et toujours. Sentiment ravageur d’injustice qui lui enserre le palpitant et lui tord les tripes à chaque jour qui passe. Du matin au soir, sans interruption - même dans ses rêves. Alors il préfère se taire Gareth, incapable de gérer toute cette rancoeur, toute cette peine face à la mort injuste et grotesque de son enfant, se réfugiant dans son travail d’ébéniste et quelques fois dans des verres de trop et des relations éphémères - sans aucune sorte de conséquences ou d’importance. Les doigts bricolent tandis que le regard tente de déterminer d’où vient le problème en silence. Ses gestes se font brusques à certains moments, désireux d’en finir vite avec la tâche qui l’occupe, afin d’pouvoir fuir ensuite dans son antre et d’éviter le monde au maximum. Il a beau toujours tenir à sa famille, il ne sait plus vraiment aimer correctement le Holt. C’est au dessus de ses forces, malgré les efforts qu’il peut faire pour ses quelques proches. Irrémédiablement il finit toujours par se couper de tout et tout le monde depuis trois ans.

Après une heure de travail dans un silence palpable - presque solide - ils finissent par réparer la fuite avec son père. Enfin Gareth va pouvoir repartir, son devoir à présent accompli. D’un vague sourire forcé il s’excuse auprès de sa mère quand celle-ci lui propose de rester jusqu’à midi pour manger avec eux. Non il n’’y tient pas, alors il prétexte du boulot urgent - une grosse commande qui ne pourrait attendre. Mensonge éhonté proféré en regardant son interlocutrice droit les yeux. Fini l’époque du gamin qui n’savait rien lui cacher à sa génitrice. Ni d’une ni de deux, il ne demande pas son reste et réussit finalement à s’extirper à la maison familiale. Enfin. Alors qu’il referme la porte d’entrée sur lui-même, un soupire de soulagement franchit la barrière de ses lèvres. Il va pouvoir souffler à présent, rentrer chez lui et tenter de se plonger dans un boulot éreintant et hypnotique pour oublier. Oublier le fiasco de sa vie ou encore oublier le fait que chaque jour qui passe l’image de Joshua semble lui échapper toujours un peu plus. Comme une image qui s’effacerait progressivement avec le temps. Il vit dans la peur d’un jour complètement oublier le visage d’son fils Gareth - ses expressions et tout ce qui a fait de lui un être humain à part entière. Il a peur que ça ne devienne plus qu’une image fixe sans âme, comme dans les photos. Son fils sans vraiment l’être. Ceci n’est pas Josh, mais simplement une image de Josh. Chassant ses pensées moroses d’un haussement d’épaule, le brun il se met en route vers sa voiture. Seulement, il n’a pas fait trois pas qu’il entend une voix féminine protester tandis qu’une boule de poil un peu trop affectueuse lui saute dessus. Le chien - apparemment dénommé Link s’il doit en croire la voix du maître - semble vouloir lui faire la fête. Un sourire, sincère cette fois, vient étirer la bouche de Reth. Autant il a du mal avec les humains, autant les animaux il adore ça, en particulier les chiens. Un chien ça fait pas semblant, puis c’est simple. C’est loyal et affectueux et ça sent quand il faut être là, sans pour autant être envahissant. Reth, il préfère largement les animaux aux humains en somme. Prenant le temps de caresser le shiba inu l’ayant assailli, il n’a pas encore jeté un coup d’oeil à la personne accompagnant le fameux Link - peu intéressé par elle. « Salut Gareth. Ça fait longtemps… » La voix à présent toute proche de lui le force à se redresser rapidement, tandis que son palpitant engourdi depuis de bien trop long mois rate un léger battement. Nola. Elle est toujours aussi fichtrement belle, même avec les années écoulées, c’en est presque indécent - quoiqu’elle semble assez fatiguée et amaigrie s’il doit être honnête. Que fait-elle ici ? Aux dernières nouvelles elle s’est cassée loin pour vivre le mariage parfait avec l’homme parfait en oubliant tout et tout le monde par ici ; ou du moins c’est ce que Roz lui a vaguement dit un jour où elle déversait sa rancune face à l’abandon de son amie d’enfance. « Nola, salut… C’est le moins que l’on puisse dire. » Il est pas à l’aise Gareth. Il n’sait pas quoi faire ou quoi dire. Il est partagé entre la rancoeur qu’il garde encore vis-à-vis de Nola, la joie de la revoir et le peu d’envie qu’il a de faire la conversation. Il n’a aucun désir de rattraper le temps perdu et en même temps y’a un truc en lui qui l’empêche de faire simplement demi tour sans demander son reste. « Ça fait longtemps qu’on t’a plus vue dans le coin. T’es venue rendre visite à tes parents je suppose ? » Il doit être masochiste au fond Reth. Malgré son envie d’être seul, le voilà qui se retrouve à poser des questions - qui mèneront inévitablement à des réponses et donc par conséquent à une discussion.

» Forget the past, but remember the lesson