Anissa ZieglerNO TIME TO CLAIM. | (#) (cecília), don't hide away. { Lun 4 Mai - 16:51 } | Elle a fait des erreurs, au cours de sa vie, Anissa. Mais peut-être qu’elle bat des records, à présent. Peut-être qu’elle ne peut pas faire pire que ça. Peut-être qu’elle a atteint le fond du fond. Et pourtant, elle ne change rien – elle ne fait pas ce qu’elle devrait, elle n’essaie pas de tout arranger. Elle a promis à Santiago qu’elle finirait par le faire, par demander le divorce. Elle a juste demandé du temps, pour Adam. Du temps, pour le quitter. Pour le ménager. Parce qu’An, elle ne veut pas le blesser. An, elle est terrifiée à cette idée. Elle a beau se perdre dans les bras et dans les draps d’un autre, elle a beau être l’épouse infidèle qui merde, qui ne pense qu’à elle, elle est toujours un peu attachée à son époux. Ce n’est sans doute plus l’amour, parce que l’amour s’est éteint il y a un moment, étouffé par la peine peut-être, à moins que Tiago n’ait toujours fait de l’ombre. Mais elle éprouve toujours une certaine tendresse à l’égard de son mari, toujours une certaine inquiétude. Elle se souvient pourquoi elle s’est attachée à lui, à l’époque. Elle se souvient ce qui lui plaisait, elle se souvient pourquoi elle s’est mise à l’aimer – quand elle était si jeune encore, nouvelle élève au lycée, alors qu’il faisait partie des plus âgés. Elle se souvient ce qui lui a plu, encore, quand elle l’a retrouvé. De toutes les raisons pour lesquelles, elle avait envie de s’engager à ses côtés. Envie, avec lui, de faire des projets. D’avoir un bébé. Est-ce qu’ils seraient heureux, aujourd’hui, si elle n’avait pas fait de fausse couche ? Sans doute seraient-ils, depuis un moment maintenant, les heureux parents d’un petit garçon ou d’une petite fille d’un an et demi. Elle y repense souvent, Anissa. Parce que la peine qui a suivi la fausse couche, ne disparaît pas – elle reste toujours, ancrée là. Mais avec Santiago, elle a l’impression d’aller mieux. De faire moins de conneries. Tromper son mari, pourtant, en est une. Mais c’est tout, c’est juste ça – et elle se dit que c’est juste, qu’elle ne veut pas lui faire de mal. En attendant, elle se sent mieux. Elle a l’impression, en tout cas, d’avoir moins mal. Elle a la tête ailleurs, aussi, Anissa. Elle craint même que ça ne lui joue de mauvais tours – qu’à être trop éprise, elle commette une maladresse, révélant sa liaison. Ils sont prudents, pourtant. Ils ont trouvé des solutions, pour se voir en cachette, à l’abri des regards indiscrets. Pour pouvoir être juste tous les deux, pour pouvoir en profiter quand même. Et à chaque fois, c’est la même chose. A chaque fois, elle sent son cœur qui tambourine, sa respiration qui s’accélère. Elle a l’impression de perdre bien quinze ans, d’être une gamine amoureuse, une adolescente un peu niaise, qui sourit un peu trop. Et quand elle s’en va, elle plane, Anissa. Elle a toujours besoin d’un moment, avant de rentrer à la maison – besoin que les papillons disparaissent, besoin de ne plus avoir l’air aussi enjouée. C’est lui qui vient de partir, cette fois. Lui qui est venu la voir, à la galerie d’art. Elle prend le temps de se calmer, An, parce qu’elle en a besoin – même si elle ignore à quelle heure Adam rentrera ce soir. Elle finit de ranger, deux-trois choses – sa paperasse, en général. Et elle contemple une dernière fois la galerie, avant d’éteindre la lumière, de fermer la porte à clé, prête à rentrer, ou presque. Elle aurait pu encore s’attarder – elle l’aurait dû peut-être, parce que ça fait trop peu de temps que Santiago est parti, et elle est encore beaucoup trop pensive. Alors elle sursaute quand, en se retournant, elle voit une blonde, face à elle. « C’est fermé. » fait-elle, vaguement, un peu à l’ouest. Et c’est à ce moment-là, qu’Anissa, elle se demande. Si elle a vu Santiago, sortir de là, à peine quelques minutes plus tôt. Si elle sait qui il est. Qui elle est. Qu’est-ce qu’elle lui veut ? Mais peut-être qu’elle est juste parano, An. Pourtant, son cœur se met à battre plus vite, plus fort, et elle sent la panique la saisir. Elle ne sait pas qui elle est, ou ce qu’elle veut. Mais la galerie d’art est fermée depuis deux ans, au moins. |
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